Des chiffres et des lettres par Alhazen

Sont-ils nés de l'argile ?
Ces signes, nombres et puis lettres si utiles
Sculptés par la pointe aigue d'un calame savant.
Tablettes cunéiformes vestiges d'une vie d'avant
Si peu nombreuses, si précieuses
Témoignant là, dans leur retraite silencieuse
Qu'autrefois on écrivait aussi des contes et des lois
Que Gilgamesh se croyant Dieu ne fut que roi
Et qu'à rechercher la plante d'éternelle vie
Sagesse et douleur il apprit.

Vont-ils rester fermés ?
Tous ces livres à jamais oubliés
Goncourt, Renaudot, Fémina
Chaque année font leur cinéma
Et les pages s'empilent sans fin
Livres jetés au pilon sans témoin
Tant d'ouvrages n'auront jamais de lecteur
Pourtant fruit précieux d'un laborieux auteur
Ecoutez tous ce livres qui meurent en silence
Dans ce monde où a fleuri l'indifférence.

Peut-on les oublier ?
Ces sans grade, partis dans leurs tranchées
Ces vies gâchées par une infernale guerre
Combien ensevelis, à jamais perdus sous terre
Soldats inconnus célébrés sous une commune arche
Seules leurs lettres écrites comme ultime démarche
Témoignent de leur triste sort et de leur courage
Quand à l'assaut ils montent et de la mort voient le visage
Restent d'eux ces noms gravés dans la pierre
Pour que nous, leurs enfants, nous souvenions de cette guerre.

Où sont-elles toutes ces lettres ?
Lettres brûlantes d'un amour qui vient de naitre
Lettres persanes postées au vent du large
Lettres de motivation pour chomeur à la marge
Lettres de cachet qui vous embastillait
Lettres parfumées qui vous émoustillaient
Toutes réduites auourd'hui au virtuel SMS
Sec, court, qui en deux mots dit sa messe
Pleines d'un soleil, fidèle ami de Provence
Restent celles de mon moulin qui bercèrent notre enfance.