Atelier Buissonnier

Porte des Maures

Guy Ibanez à Hyères

Guy Ibanez à Hyères. par cyberprof

ICI l'exercice proposé  (retour de vos textes avant le 1er Février), renvoyez le recueil en fichier-joint.

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Nous avons trouvé la salle d’exposition de Guy à Hyères ce 11 décembre.
Belles retrouvailles avec Annick, Claude, Annie, Dominique et monsieur, et Danièle Legay que nous avons revue avec très grand plaisir.
La discussion autour des œuvres exposées a occupé une bonne partie de la visite « Rivages » était le thème abordé depuis quelques temps, on se souvient des constructions en bois à Carqueiranne.

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Mais c’est surtout l’importance du blanc, en particulier de l’opposition blanc-noir, l’un permettant de définir l’autre par une opposition frontale et donc de le faire passer au sensible, auquel il fallut faire appel. Et comme tout n’est pas d’un absolu évident, (on dirait blanc ou noir), susciter cette rencontre intermédiaire entre « chien et loup » où le jour n’est plus tout à fait éblouissement et la nuit pas encore anéantissement. Les deux s’accompagnent.


Il y a bien entendu une évocation du crépuscule où naissent les fantômes blancs des rêves, mais également
l’importance de la lumière d’argent d’une lune dont l’éclat est rehaussé par la profondeur du noir de la nuit qui envahit l’orient.

On ne saurait oublier, dans le cadre d’un rivage et d’un lever sur l’horizon , l’importance du reflet immatériel comme jonction entre l’observateur et la source !
Il y a comme une évidence dans le fonctionnement de l ‘esprit humain avec la rencontre d’une concrétion abstraite de la forme, c’est celle de construire des formats de ressemblance avec un univers connu et passé au sensible, il porte alors un nom, ces paréidolies furent en effet présentes et on chercha à identifier les formes à des « choses » connues. Guy a d’ailleurs proposé des noms pour chaque naissance en plâtre.


Reste la discussion sur la forme figée exposée. Elle nait de l’informe malaxé à l’évidence sur un réseau où s’appliquent les bandelettes de plâtre.
Donc une genèse dans le chaos des pressions et lissages, actions mécaniques aléatoires pour modeler le plein (rien n’est vide dans notre monde) afin de faire surgir de l’informe déstructuré, la forme réfléchie, réfléchie dans le sens de l’aller et retour du vouloir sensible de l’artiste et de la possible acceptation de la matière déformée. Il y a donc combat.
Il semble y avoir une contrainte physique qui parait évidente dans le choix de la matière, mais une autre, moins évidente au premier abord qui est celle du temps, ce temps qui correspond au possible intervalle pendant lequel la matière est déformable.

Ici c’est le séchage du plâtre, cela pourrait être la température du métal pour un forgeron ou le degré d’humidité pour un potier malmenant l’argile.
Ainsi chaque œuvre s’inscrit dans un double repère, celui de l’espace à trois dimensions et celui du temps linéaire. Le résultat est donc un instantané figé d’une forme qui était en devenir, finalement un aboutissement transitoire sans futur, ne laissant que des traces sédimentées d’un passé que la surface nous livre.
Ainsi structure-t-il, (l’artiste), l’espace plein en une forme inattendue délimitée par une surface verruqueuse pleinement aléatoire à l’échelle du petit, surface qui définit, et donc exclut du « plein » par différenciation, ce que l’on va nommer volume de la forme. C’est ce volume abscons, dont on ne connait que l’extérieur, qui possède cet aspect entre blanc et noir.
Le blanc sans attrait, vide de différences, ne saurait identifier le tout par sa seule « couleur » qui n’en est pas foncièrement une, mais simplement une propriété qui permet de le repérer, encore faut-il que la lumière (autre élément essentiel) puisse jouer des réflexions et ombres portées. C’est cela qui permet de « digitaliser » la forme du volume, donc la présence de cet entre-deux, de ces ombres plus ou moins denses. C’est donc le sombre, le noir, qui donne un sens matériel à la présence des objets exposés, plus que du blanc.
Mais, et il faut revenir à la surface, seule perçue dans ses concrétions et linéaments parfois réguliers, surface qui permet de « voir » un volume dans le plein de l’espace.
L’artiste a ressenti le besoin nécessaire d’appuyer d’avantage sur l’aspect bipolaire de la forme où s’associent blanc et noir. Ainsi vous verrez des « trous » qui permettent, non pas d’accéder, mais plutôt de pressentir l’existence d’un « dedans », autre espace caché où peut s’abriter le « noir » d’une nuit maintenant imparfaite car on y fait pénétrer la lumière.
On pourrait, par expérience de pensée, se déplacer dans cet espace noir mais « plein » finalement, en tant qu’esprit réfléchi et essayer de comprendre comment penser la surface de notre univers dans lequel on serait enfermé, quelle serait sa dimension et sa forme, et le pourquoi de cette lumière venant d’un « trou » ? Le tout sans vouloir plagier aucunement le mythe célèbre de la caverne.
C’est je crois, et par simple isomorphisme du type de questionnement, ce que l’astrophysique et la cosmologie effectuent pour notre univers dans lequel nous baignons, alors que dans les religions
le créateur s’amuse à regarder, du dehors, la forme qu’il a modelé dans l’argile du potier, sur son tour.
Finalement, dans cette exposition, l’important n’est -il pas de meubler d’histoires (pour remettre le temps dans l’espace) l’intérieur des œuvres ?


Publié le : Dimanche 09 janvier 2022 @ 09:43:42

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