Seul et pensif Manu petit Manu Garde son troupeau sur terre nue Vagues de collines jaunies de soleil Il est parti à l’estive dès son réveil Sur sa tête un béret très chaud Une houppelande posée sur son dos Il faut bien ça pour garder troupeau Quand il le surveille tout là-haut À l’aulne de ses quinze ans il rêve De la ville, des rires, des filles d’Eve Fragile dans ce paysage qui s’endort Dans la douceur de couleurs vert et or Jeune et déjà tellement vieilli par l’usure Du temps qui s’étire sur les pentes de Lure Confronté aux démons de la solitude Attelé dès l’enfance à une vie rude Il soliloque en lui-même des mots d’amour Que lui susurrent les douces courbes à l’entour Son bâton posé dans sa main effleure le champ doré Est-il ici ou déjà d’un autre lieu à l’orée ?